Sébastien Mettraux
Sa résidence et son exposition...
En Suisse, les articles 45 et 46 de la loi sur la population et la protection civile stipulent qu’un abri antiatomique doit être prévu pour tout habitant à proximité de son lieu de résidence. En plus des bunkers de l’armée et de la protection civile, les propriétaires sont obligés, lors de la toute construction d’immeubles d’habitation de construire des abris, de les équiper et de les entretenir. La Suisse compte aujourd’hui un peu plus de 300.000 bunkers capables d’accueillir 9 millions de personnes. Soit un taux de couverture supérieur à 100 % par rapport à la population totale.
Dans la série Dernier Paysage I, (2004-2011), les sujets se focalisent sur les détails d’intérieurs de bunkers et abri anti-atomiques, espaces destinés à protéger la population du pays en temps de crise nucléaire, de guerre ou attaques bactériologiques. Ces lieux déserts et clos, au caractère aseptisé et parfaitement ordonnés, comportant le strict minimum vital, nourrissent l’ambiguïté : à la fois sécurisants en temps de catastrophe et évocateurs d’angoisse digne d’un milieu carcéral.
D’un point de vue pictural, Sébastien Mettraux s’appuie sur les codes de la représentation classique de la renaissance basés sur la perspective, le clair-obscur et le modelé, une technique travaillée à l’aide de logiciels de modélisation 3D. Le regard direct et frontal rappelle l’esthétique des jeux vidéo et l’image de synthèse souligne, quant à elle, le caractère imaginaire d’une éventuelle utilisation de ces lieux.